Nous voici donc à Madrid. Voilà... Rendez-vous dans le centre de la cité. 37°. Il fait vraiment bon. Mon ami est là, en terrasse, avec, à ses côtés, une silhouette fine et élégante, mais déjà vue, curieusement. Comme si le temps revenait...
Comme toujours, l'ami m'accueille avec un formidable sourire. Et la silhouette à ses côtés se retourne aussitôt, cheveux andalous, chemise blanche intelligemment déstructurée, pantalon de toile légèrement remonté au pli, peut-être des Tod's aux pieds. Le sourire, l'accueil avant même de se connaître... Le bougre a du talent, ça se sent autant que ça se voit. Je le connais lui en effet, je l'ai vu à la télé...
Bien qu'ancien professionnel, Julien Escudé - la silhouette - est tout sauf un footeux. L'oeil vif, un peu en arrière d'une vie à en rêver, il va non seulement avoir la gentillesse de nous passionner mais aussi nous rappeler avec une tendresse subtile, que nous ne serons jamais celui qu'il a été. Rennes, l'Ajax, Séville, l'équipe de France, la Turquie... Imaginez-vous rentrer dans l'enceinte, avec le vert d'un billard à portée de pieds, juste là au bout du tunnel, les crampons qui claquent sur le béton, la foule qui chante, qui entonne, qui appelle, qui hurlera bientôt, les coéquipiers qui ont les mêmes peurs que vous. Le coeur est là. Et omniscient. Il bat naturellement au rythme de vos émotions. 180 pulsations au moment d'entrer dans l'arène, à Santiago Bernabeu, au Stade de France, au Besiktas...
Guillaume - qui m'accompagne pour ce déplacement professionnel - se risque :
- "Tu as joué Messi?" (le "tu" qui tue, mais c'est la génération des vingtenaires qui veut ça).
- "Oui."
- "Il est sympa?"
- "Je ne sais pas. C'est le genre de joueur qui se fait oublier pendant des minutes qui dureront des heures, et qui, d'un seul coup, va te mettre 3 foulées dans la vue alors que tu le surveillais à deux longueurs".
Et cette phrase formidable de Julien Escudé qui montre que c'est un homme en même temps qu'il sourit : "J'avais des qualités mais je n'étais pas le plus véloce". L'intelligence de reconnaître qu'on peut être certes le meilleur, mais qu'on peut parfois être moins bon qu'un autre...
Julien a deux restaurants à Madrid. Dans le premier, plutôt chic, il vous servira la meilleure des viandes du tendre plaisir carnassier. Dans le second, vous irez à la découverte de tapas intelligentes, amadouées par l'harmonie des sens, prêtes à être partagées à table et entre amis dans une empathie heureuse. Les deux sont "Calle Cid" dans le centre de Madrid.
Calle Cid, un signe... C'est bien Corneille qui disait : “Dans le bonheur d'autrui, je cherche mon bonheur. ”
Yves Ollivro