Je suis un polymobile urbain. Chaque jour de la semaine, je marche au moins 5000 pas. Lorsque la situation s'y prête, je vais en vélib vers mes rendez-vous parisiens. Je prends aussi les ex-autolibs pour me rendre en proche banlieue. J'adopte le Cityscoot lorsque mon humeur est à l'été. J'utilise le métro, le tram, le bus ou le taxi lorsque l'évidence le commande. J'utilise même ma voiture ou ma moto quand il s'agit de dépasser la ceinture pour prendre des bretelles (d'autoroute évidemment)... Bref, je crois pouvoir affirmer que je connais tous les grands types de transport urbains, exception faite du gyropode électrique, des patins à roulette, du skate et de la trottinette, médias sur lesquels je n'ai pas trop d'avis faute d'envie.
Quel que soit le mobile utilisé, je remarque deux ou trois petites choses :
- d'abord, l'enfer, c'est l'autre. L'automobiliste quand on est piéton, le motard quand on est taxi, le cycliste quand on est piéton... Mettez-les tous dans le chapeau des complaintes urbaines, tirez-en deux au hasard et constatez : de fait, l'un s'opposera à l'autre et réciproquement, dans une dialectique de l'intolérance qui signifie au fond "moi c'est moi et toi, t'as pas le droit".
- ensuite, ce joyeux bordel peine sacrément à s'équilibrer. Le débat porte un peu sur tout : les vertus de l'électrique, la citoyenneté du transport en commun, la dimension écologique et sportive du vélo ou de la marche, le coût et le service comparés des Ubers ou des taxis, le nombre de trotinettes... Pourquoi faudrait-il trancher après tout? Chaque « media » a sa propre raison d'exister, sauf que, sauf que... Lorsque l'irritation des uns l'emporte sur l'agacement des autres, il y a là l'amorce d'un petit problème non ? Les coups de klaxons inutiles, les scoots sur les trottoirs, les vélos qui frôlent les passants, le manspreading dans les transports en commun... Bien entendu, les comportements évolueront probablement. Mais il faudra bien que les tensions s'apaisent, parce qu'elles nuisent à tous, et à la ville dans son entier...
- enfin je m'interroge sur une idée à la noix... Sans le dire explicitement, l’autorité bannit progressivement les voitures thermiques des centre-villes. Pourquoi pas? Elles polluent, sont bruyantes, souvent pilotées par une seule personne qui - ne me faites pas la blague - ont toujours la possibilité de choisir une solution de transport alternative, notamment collective. Alors, une petite idée : et si on inversait l'existant. Et si les voies de bus étaient désormais attribuées aux seules voitures thermiques. Et si les autres voies - plus nombreuses souvent - étaient entièrement dédiées aux transports qui, soit ne polluent pas (vélos, cityscoots, voitures électriques, allez, même les gyropodes et les skates), soit sont optimisés dans leur usage : les bus, les taxis, et même les motos ou les sccoters qui, en regard du rapport espace occupé/individus transportés s'avèrent sacrément performants et économiques.
Bien sûr que ça râlerait si on le faisait. Bien sûr. Mais comme ça râle déjà...
Yves Ollivro