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So f... smart

West-Ham United... Fondé en 1895, ce vieux club de football du grand Est londonien joue désormais au stade olympique. J'y étais cette année lorsque les "Hammers" ont reçu Chelsea. Bien calé à seulement trois mètres derrière le but -avec le sentiment délicieux d'être parfois à la place du gardien-, j'étais avec les supporters locaux, si heureux d'entonner leur hymne "I’m forever blowing bubbles".

Assis juste derrière moi, le couple avait de quoi ravir un stand-upper en mal d'inspiration. Elle, blonde comme une coloration, les dents si blanches qu'elles semblaient avoir été peintes, un rire totalement mais alors, totalement idiot, ce genre de clownerie qui naît quelque part dans le tréfonds du nez pour se perdre généralement dans la gêne environnante, et qui revenait chaque fois que son compagnon disait le moindre mot. Lui? Trente ans, plutôt bel homme, bien londonnien sur lui, mais avec la coupe d'un footballeur junior, les traits crispés par un enjeu qui semblait parfois le dépasser, le regard fasciné, aimanté, électrisé, un peu comme si le match se jouait sur PlayStation...

Franchement, il l'aura prononcé au moins 500 fois ce fameux mot de 4 lettres commençant par f et finissant par uck. Sans rire : f..., f...ing team, what a f..., f...ing referee... Toutes les 5 secondes. Et que je te f..., et que je te ref... Et encore, et f... again.

Je me disais au fond de moi que c'était tout de même un peu court. Eh bien non. A la réflexion, tous les f... avait leur sonorité, leur couleur, leur environnement... En laissant l'esprit se se détendre, je pouvais même deviner que chacun de ces f... avait du sens, entre admiration, exaspération, étonnement, épuisement, envie... Et je les traduisais à ma façon : "bien joué", "joli", "c'est dur ça", "oh l'arbitre", "vas-y", "enc... Pardon, faute de clavier.

Au fond, a-t-on toujours besoin des mots? La musique peut parfois suffire à illustrer par elle-même la complexité des sentiments. La symphonie du f... En doigt majeur évidemment.